Après des années de brouille et de conflits, une lueur d’espoir a émergé au Moyen-Orient alors que la Turquie a entrepris une tournée dans la péninsule arabique, marquant un rétablissement des liens économiques avec les pays du Golfe. Au cœur de cette démarche se trouve la nécessité pour la Turquie de surmonter une crise économique persistante et d’attirer les investissements étrangers pour renforcer son économie.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a entrepris cette tournée avec des objectifs clairs : renforcer les relations commerciales avec les pétromonarchies et attirer des investissements en Turquie. En effet, l’économie turque traverse une période difficile, avec une inflation élevée et une dévaluation de la monnaie par rapport au dollar. La réconciliation avec les anciens ennemis arabes est perçue comme un moyen de répondre à ces défis économiques.
L’une des étapes les plus attendues de cette tournée était la rencontre entre le président Erdogan et le prince héritier Mohammed ben Salmane d’Arabie saoudite. Cette rencontre revêtait une importance particulière dans le contexte d’un rapprochement turco-saoudien initié depuis quelques mois, après une période de tensions entre les deux pays. Les contentieux entre la Turquie et l’Arabie saoudite portaient sur plusieurs sujets sensibles, notamment le soutien présumé du président Erdogan aux Frères musulmans, considérés comme une organisation terroriste par Riyad, ainsi que des divergences de vue sur les conflits en Libye et en Syrie. Mais le dossier le plus épineux était l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul en 2018, qui avait provoqué une crise diplomatique entre les deux nations.
Malgré ces différends, la réconciliation économique entre la Turquie et l’Arabie saoudite a été mise en avant. En 2022, des signes d’apaisement sont apparus, avec des visites de haut niveau entre les deux pays et des investissements de plusieurs milliards de dollars en faveur de l’économie turque.
Le rapprochement turco-saoudien ne s’est pas limité au domaine économique. Des accords de vente de drones turcs à l’Arabie saoudite ont également été conclus lors de la visite d’Erdogan à Jeddah. Cette coopération militaire marque une forme d’autonomisation de Riyad par rapport à ses fournisseurs militaires traditionnels, notamment les États-Unis.
La Turquie a également consolidé ses liens avec le Qatar, qui est devenu un allié clé dans la région. Les deux pays ont surmonté diverses crises et ont développé une coopération solide dans divers domaines. La visite du président Erdogan à Doha a été marquée par un geste symbolique : l’émir du Qatar a remis au président turc le ballon de la finale de la Coupe du monde de football, montrant ainsi leur proximité.
Une autre étape importante de la tournée a été la visite aux Émirats arabes unis. Bien que les tensions aient été vives entre la Turquie et les Émirats arabes unis pendant de nombreuses années, un rapprochement a été engagé avant celui avec l’Arabie saoudite. Des accords économiques d’une valeur estimée à plus de 50 milliards de dollars ont été signés entre les deux pays, renforçant leur coopération régionale.
Cette réconciliation économique au Moyen-Orient reflète une réalité géopolitique : aucun pays de la région ne peut se permettre d’ignorer les autres. Les équilibres internes ont évolué, et la Turquie joue un rôle de plus en plus crucial dans les relations et les coopérations régionales. Malgré les différends persistants, cette tournée du président Erdogan a montré que les possibilités d’intégration et de coopération se multiplient, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour la stabilité et la prospérité dans la région.
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