Sorti le 1er octobre, jour de la Fête nationale, le film « La bataille du lac Changjin », a connu un succès historique /AFP
Le 10 avril 2025, la Chine a annoncé une réduction « modérée » du nombre de films américains diffusés sur son territoire, marquant ainsi une nouvelle étape dans les tensions croissantes entre Pékin et Washington. Cette décision s’inscrit dans le cadre des mesures de rétorsion prises par la Chine en réponse à l’escalade de la guerre commerciale, exacerbée par l’augmentation des droits de douane imposée par l’administration Trump.
Le Bureau national du film a déclaré que cette hausse des droits de douane, perçue comme une forme d’abus par le gouvernement américain, ne ferait qu’aggraver la tendance déjà à la baisse de la demande pour le cinéma américain en Chine. Un porte-parole de l’institution a affirmé : « Les pratiques du gouvernement américain ne peuvent que diminuer davantage l’attrait des films américains auprès du public chinois. » Il a également précisé que la Chine respecterait les choix des spectateurs tout en ajustant le nombre de films américains importés.
Un système de quotas en place
La Chine a mis en place un système de quotas qui limite le nombre de films étrangers projetés dans ses salles de cinéma. Depuis 1994, le pays autorise l’importation de dix films américains par an, selon un modèle de distribution qui partage les recettes. Une réduction de l’accès à ce marché, le deuxième plus important au monde après les États-Unis, pourrait avoir des conséquences significatives sur les revenus des studios hollywoodiens.
Malgré cette situation, certaines superproductions continuent de rencontrer un franc succès. Par exemple, le film Minecraft a réalisé des débuts impressionnants le week-end dernier, générant environ 14,5 millions de dollars (13,1 millions d’euros) en Chine. En 2024, le film Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire avait engrangé 132 millions de dollars (119 millions d’euros) dans le pays, illustrant l’attrait persistant de certaines productions américaines. Des films emblématiques comme Titanic et Avatar ont également connu un immense succès auprès du public chinois. Cependant, la montée en puissance de l’industrie cinématographique locale a atténué l’enthousiasme pour les films hollywoodiens, qui voient leur popularité décliner face aux productions nationales.
Des conséquences limitées pour la Chine
Chris Fenton, auteur d’un ouvrage sur la lutte de la Chine contre le soft power américain, estime que l’interdiction d’importer des films américains n’aura « pratiquement aucun impact » sur la Chine. Il souligne que les films hollywoodiens ne représentent qu’environ 5 % des recettes totales du marché cinématographique chinois, et que ces revenus sont soumis à des taxes avant d’être transférés aux États-Unis. En effet, les studios hollywoodiens ne perçoivent que 25 % des recettes du box-office en Chine, alors que d’autres marchés leur offrent des parts beaucoup plus élevées.
Fenton considère cette décision comme une démonstration de force de Pékin, qui ne manquera pas d’attirer l’attention de Washington. En pratique, les quotas n’empêchent pas les Chinois d’accéder à un large éventail de films étrangers via des plateformes de streaming, des sites de piratage ou des téléchargements illégaux. Un porte-parole du Bureau national du film a réaffirmé l’engagement de la Chine à maintenir un niveau élevé d’ouverture sur le monde extérieur, promettant de continuer à accueillir des films de divers pays pour répondre à la demande du marché.
Ainsi, cette nouvelle mesure de la Chine vis-à-vis des films américains illustre non seulement les tensions persistantes dans la guerre commerciale, mais aussi l’évolution d’un marché cinématographique en pleine mutation.
Thom Biakpa
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