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Russie : Attentat du pont de Crimée, Moscou condamne huit personnes à la prison à vie

Le pont de Crimée a été partiellement détruit en 2022 après un attentat/ AFP

Huit personnes ont été condamnées jeudi 27 novembre à la réclusion criminelle à perpétuité par un tribunal militaire russe pour leur participation présumée à l’attentat qui avait frappé le pont de Crimée en octobre 2022, l’une des infrastructures les plus stratégiques et symboliques du pays.

Le verdict a été prononcé à Rostov-sur-le-Don, au terme d’un procès mené à huis clos depuis février et marqué par le rejet, par les accusés, de toutes les charges retenues contre eux.

Un procès hautement politique

Selon le communiqué du tribunal, les huit hommes auraient appartenu à un « groupe criminel organisé » dont l’objectif était de mener un « acte terroriste » contre le pont, inauguré en 2018 par Vladimir Poutine et présenté comme le trait d’union définitif entre la Russie continentale et la Crimée annexée en 2014.

Les autorités affirment que l’explosion qui avait coûté la vie à cinq personnes, dont le chauffeur du camion piégé avait été préparée à l’aide d’un chargement d’explosifs dissimulés dans un transport routier ordinaire, introduit sur le pont à l’insu du conducteur.

Cette version, longue­ment défendue par Moscou, alimente depuis deux ans un récit judiciaire et politique dans lequel la Russie présente cet acte comme une attaque directe contre sa souveraineté et une preuve de la « menace terroriste » que représenteraient les services ukrainiens.

Kiev, de son côté, avait fini par revendiquer l’opération plusieurs mois après les faits, revendication s’inscrivant dans sa stratégie de saboter les lignes logistiques russes en pleine guerre.

L’attentat qui a ébranlé un symbole du pouvoir russe

Le pont de Crimée, long de 19 kilomètres, est sans doute l’une des réalisations les plus emblématiques du Kremlin. Outre sa portée symbolique, il constitue une artère cruciale pour l’acheminement de troupes, d’équipements militaires et de carburant vers la péninsule, devenue l’un des foyers majeurs du conflit russo-ukrainien.

Le 8 octobre 2022, l’explosion du camion avait provoqué un embrasement spectaculaire : plusieurs wagons-citernes chargés de produits pétroliers avaient pris feu, deux travées routières s’étaient effondrées, et le trafic ferroviaire avait été interrompu pendant plusieurs heures. L’onde de choc avait retenti bien au-delà du champ de bataille, ébranlant l’image d’invulnérabilité que Moscou entendait projeter.

Depuis 2023, un pont sous haute surveillance

Une deuxième attaque, en juillet 2023, menée cette fois par des drones navals, également revendiquée par l’Ukraine, a encore fragilisé l’ouvrage et contraint la Russie à en renforcer drastiquement la sécurité : systèmes anti-aériens supplémentaires, patrouilles maritimes intensifiées, contrôles renforcés des camions et des wagons, surveillance aérienne quasi permanente.

Dans ce climat de vigilance extrême, la condamnation des huit hommes apparaît pour Moscou comme une démonstration d’autorité judiciaire autant que politique. Elle s’inscrit dans une volonté plus large de décourager toute tentative de sabotage et de réaffirmer la place centrale du pont dans la stratégie militaire russe.

Thom Biakpa

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