Le président chinois Xi Jinping / Shutterstock
Le 23 septembre 2025, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, le Premier ministre chinois Li Qiang a annoncé que la République populaire de Chine ne sera plus considérée comme un pays en développement au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette décision s’inscrit dans un contexte de tensions commerciales croissantes, notamment avec les États-Unis, et vise à renforcer l’influence de Pékin au sein de l’organisation.
Les pays en développement bénéficient de règles douanières plus flexibles que celles imposées aux pays développés. Ces avantages incluent des tarifs préférentiels et des délais supplémentaires pour se conformer aux réglementations de l’OMC, ainsi que la possibilité d’accorder des subventions plus généreuses. Cependant, cette situation a été remise en question par des acteurs tels que les États-Unis, qui estiment que la Chine, en tant que deuxième économie mondiale, ne devrait pas tirer parti de ce statut. Donald Trump avait déjà exprimé cette position en 2019, soulignant que la Chine profitait indûment du système au détriment d’autres nations.
En choisissant de renoncer aux avantages associés à son statut, la Chine ne se départit pas complètement de l’étiquette de pays en développement. Ce choix représente néanmoins un geste symbolique vers une position plus responsable et mature sur la scène internationale, en particulier dans le cadre des négociations commerciales avec les États-Unis. Cette décision a été saluée par la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, mais d’un point de vue économique, son impact est limité. Selon Antoine Comont, doctorant à l’Université Laval, la Chine ne perd pas grand-chose, étant déjà exclue des avantages tarifaires par plusieurs pays développés, dont l’UE et le Canada.
La renonciation au statut de pays en développement pourrait également servir d’outil d’image pour la Chine. En se positionnant comme un acteur responsable du commerce mondial, Pékin cherche à se démarquer dans un environnement où les États-Unis critiquent de plus en plus l’OMC et se tournent vers des politiques protectionnistes. Alicia Garcia Herrero, cheffe économiste pour l’Asie-Pacifique à la banque Natixis, souligne que cette décision vise à placer la Chine au cœur d’une institution que les États-Unis ont largement contribué à créer, mais dont ils semblent désormais se distancier.
Néanmoins, la Chine continue d’appliquer des pratiques qui pourraient sembler en contradiction avec les règles de l’OMC, telles que des restrictions sur l’exportation de terres rares et des subventions importantes à certains secteurs industriels. Ainsi, bien que la décision de renoncer à son statut de pays en développement puisse être perçue comme un signe d’humilité et de leadership, elle soulève également des questions sur la cohérence des politiques commerciales de la Chine sur la scène internationale.
En conclusion, cette évolution témoigne des ambitions croissantes de la Chine dans le cadre du commerce mondial, tout en reflétant un désir d’intégration plus profonde au sein des institutions internationales, tout en naviguant habilement dans un paysage géopolitique complexe.
Thom Biakpa
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