Les enjeux de la visite du premier ministre nigérien en Russie
Le premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine effectue depuis le lundi 15 janvier, une visite à Moscou en Russie, dans le cadre du renforcement de la coopération entre les deux pays. Le chef du gouvernement nigérien qui se déplace pour la première fois dans le pays de Vladimir Poutine depuis sa nomination, le 7 août dernier, par la junte au pouvoir, est accompagné d’une forte délégation composée de plusieurs membres du gouvernement. Il s’agit notamment du ministre de la Défense, le général de corps d’armée Salifou Mody, du ministre des mines et des énergies renouvelables, Mahaman Moustapha Barké, du Commerce et de l’industrie, Seydou Asman, de la jeunesse et des sports, le Colonel-Major Amadou Abdramane, de l’agriculture et de l’élevage, Mahaman Elhadj Ousmane, et de la santé, le Médecin Colonel-Major Garba Hakimi.
En se déplaçant à Moscou en Russie, le premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine traduit en acte concret, la volonté affichée des nouveaux dirigeants du Niger, de diversifier désormais leurs partenaires, dans des domaines clés comme la défense, l’énergie, l’agroalimentaire, le commerce, la santé et le pétrole. Sur le pétrole précisément, il faut noter que le Niger depuis quelque temps en produit du brut dans sa partie est. Il sera d’ailleurs très bientôt disponible à l’exportation, à partir du port en eau profonde de Sèmè, au Bénin. Cette opportunité pourra également être discutée avec la Russie, nouveau partenaire privilégié.
Déjà au mois de décembre dernier, le chef du gouvernement nigérien avait annoncé les couleurs de cette visite, en déclarant que le Niger et la Russie avaient l’intention de densifier leur coopération dans le domaine militaire, celui de la formation des pilotes et du renseignement. Nul doute que ce séjour à Moscou, sera mis à profit par Ali Mahaman Lamine Zeine et les autorités russes, afin de parapher cet important accord, signe de la rupture consommée avec la France dans ce domaine.
En outre, cette visite sera l’occasion pour les deux pays, d’asseoir des bases solides sur le dossier Wagner pas encore très bien ficelé. En effet, de sources diplomatiques, des documents pour l’heure tenus secrets, ont été signés et la question de l’arrivée des éléments de Wagner au Niger pour aider le pays à combattre les terroristes a été discutée. Seulement, des points de désaccord subsistent et cette visite sera une aubaine pour les deux parties de clarifier leurs positions sur le dossier.
Ankara et Téhéran également au programme
Outre Moscou, le premier ministre nigérien et sa délégation se rendront à Ankara en Turquie et à Téhéran en Iran, toujours dans l’objectif de se trouver de nouveaux partenaires et donc de s’ouvrir de nouveaux marchés. L’ambition de se libérer définitivement de la tutelle française et plus généralement, occidentale est donc manifeste.
Après avoir obtenu le départ du contingent français de leur sol et informé les États-Unis qui disposent d’une importante base de drones à Agadez, dans le nord du pays, que désormais tout accord militaire se fera dans l’intérêt du Niger, les autorités nigériennes ont décidé de se rapprocher davantage de ceux avec qui elles veulent dorénavant coopérer et qu’elles considèrent capables de les sortir de la pauvreté.
Le Niger, notons le, est toujours sous blocus de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest ( CEDEAO), suite aux sanctions d’une sévérité sans précédent ordonnées contre Niamey après le renversement du Président Mohamed Bazoum. Des discussions ont toutefois pu commencer en vue d’une sortie de crise. Les médiateurs désignés par la CEDEAO, les Présidents togolais et sierra-léonais, seront sans doute reçus à Niamey une fois la mission de retour, à la fin du mois.
Thom Biakpa
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