Le Premier ministre Narendra Modi et le Président Anura Kumara Dissanayake ont annoncé plusieurs accords/ Reuters
Le Premier ministre indien Narendra Modi a récemment effectué une visite historique au Sri Lanka, marquant ainsi la première visite d’un dirigeant étranger depuis l’élection d’AnuraKumara Dissanayake, le premier président de gauche de l’île. Lors de cette rencontre, qui a eu lieu le 5 avril, Modi et Dissanayake ont signé des accords significatifs portant sur la défense et l’énergie, témoignant d’un renforcement des liens entre les deux nations.
L’accord de coopération en matière de défense, d’une durée de cinq ans, permettra aux militaires sri-lankais de bénéficier d’opportunités d’entraînement en Inde, tout en facilitant le partage de renseignements et de technologies. Modi a souligné l’importance de cette collaboration en déclarant : « Nos intérêts sécuritaires sont alignés ». De son côté, Dissanayake a affirmé son engagement à protéger la souveraineté du Sri Lanka, en précisant que le territoire ne serait pas utilisé pour compromettre la sécurité de l’Inde.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte géopolitique délicat, où l’Inde cherche à contrer l’influence croissante de la Chine dans la région. New Delhi s’oppose fermement à la présence de navires de recherche chinois dans les ports sri-lankais, les accusant d’activités d’espionnage militaire, bien que Pékin ait toujours nié ces allégations. L’Inde considère le Sri Lanka comme faisant partie de sa sphère d’influence, surtout à une époque où la Chine, principal créancier de l’île, renforce sa présence économique.
La situation économique du Sri Lanka est également préoccupante. En 2022, le pays a fait défaut sur sa dette, dont plus de la moitié était détenue par la Chine. En 2017, le Sri Lanka avait cédé son port de Hambantota à la Chine pour 1,12 milliard de dollars dans le cadre d’un bail de 99 ans, illustrant ainsi la dépendance croissante de l’île envers Pékin.
Lors de cette visite, Modi et Dissanayake ont également annoncé le lancement d’un projet de centrale solaire d’une capacité de 120 mégawatts dans le district de Trinquemalay, un projet qui avait été suspendu pendant plusieurs années et qui redémarre grâce au soutien de New Delhi. Cependant, la Chine n’est pas en reste dans le secteur énergétique, ayant récemment conclu un accord pour investir 3,7 milliards de dollars dans une raffinerie de pétrole dans le sud de l’île, un investissement qui pourrait devenir le plus important de l’histoire du Sri Lanka.
Cette visite de Modi au Sri Lanka marque un tournant dans les relations bilatérales et souligne l’importance stratégique de l’île dans le cadre des rivalités géopolitiques en Asie du Sud.
Thom Biakpa
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