L’élection, mardi 4 novembre, de Zohran Mamdani à la mairie de New York dépasse largement les frontières américaines. En Inde, pays d’origine de ses parents, le triomphe de ce jeune élu progressiste, musulman et fils d’immigrés, provoque à la fois enthousiasme et gêne.
Lors de son discours de victoire, Zohran Mamdani a choisi d’invoquer la figure de Jawaharlal Nehru, premier Premier ministre de l’Inde indépendante, pour souligner la portée symbolique de son élection :
« Je pense aux mots de Nehru : “Il arrive rarement dans l’histoire qu’un moment survienne où nous passons de l’ancien au nouveau, où une ère s’achève et où l’âme d’une nation longtemps étouffée trouve sa voix.” Ce soir, nous sommes passés de l’ancien au nouveau. »
Cette citation, mêlant idéal politique et hommage à ses racines, a immédiatement été relevée par la presse indienne. La soirée de victoire du nouveau maire, rythmée par un morceau de Bollywood, n’a fait que renforcer ce clin d’œil assumé à son héritage culturel.
Fils de parents indiens ayant transité par l’Ouganda où ils se sont rencontrés et où il est né avant d’émigrer aux États-Unis, Zohran Mamdani incarne la trajectoire mondiale et métissée d’une diaspora en constante expansion.
Entre fierté nationale et embarras politique
Première communauté d’origine étrangère aux États-Unis, la diaspora indienne suit avec passion l’ascension de ce politicien de 33 ans, désormais plus jeune maire de New York depuis un siècle. Dans l’État d’Orissa, d’où est originaire sa mère, le ministre en chef a salué publiquement son élection, y voyant « une source d’inspiration pour les jeunes du pays ».
Mais l’enthousiasme n’est pas partagé par tout le monde. Au sein du camp nationaliste hindou, au pouvoir à New Delhi, la réussite de Mamdani embarrasse. Son profil musulman, de gauche et critique du gouvernement Modi tranche avec la vision identitaire portée par le Bharatiya Janata Party (BJP). Une députée proche du pouvoir est même allée jusqu’à le comparer à un Pakistanais, cherchant à réduire son identité à sa religion.
Quelques jours avant son élection, Zohran Mamdani avait d’ailleurs dénoncé publiquement les politiques discriminatoires du Premier ministre indien, s’attirant les foudres des soutiens de ce dernier.
Une lignée d’élus d’origine indienne
Cette effervescence rappelle celle suscitée par Kamala Harris lors de son accession à la vice-présidence américaine en 2020. La « Kamala Mania » avait alors envahi le village tamoul de son grand-père, transformé en symbole de fierté nationale. Mais la figure de Zohran Mamdani, plus contestataire et plus ancrée à gauche, offre une autre image de la réussite indienne à l’étranger : celle d’une génération cosmopolite, consciente de ses origines mais libre de ses convictions.
Thom Biakpa
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