La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à gauche, et le chef d’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa, à droite, lors d’un sommet en Egypte le 7 novembre 2022/ AFP
Ce jeudi 13 mars, la ville du Cap est le théâtre du huitième sommet entre l’Union européenne et l’Afrique du Sud, un événement qui n’avait pas eu lieu depuis sept ans. Ce sommet sera co-présidé par Cyril Ramaphosa, le président sud-africain, en collaboration avec Antonio Costa, président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. L’objectif de cette rencontre est de renforcer le partenariat entre l’Afrique du Sud et l’Union européenne, dans un contexte où les deux entités cherchent à s’affirmer face aux États-Unis et à la Russie.
Avant l’ouverture de ce sommet, Ursula von der Leyen a souligné l’importance cruciale des partenariats solides dans un « paysage géopolitique en pleine recomposition ». Les récentes tensions avec l’administration Trump ont particulièrement affecté l’Europe et l’Afrique du Sud. En effet, après le gel de l’aide américaine au développement, le président américain a annoncé la suspension de l’aide financière destinée à l’Afrique du Sud, en réponse à l’adoption d’une loi sur la redistribution des terres, perçue comme discriminatoire envers les fermiers blancs sud-africains.
Jo-Ansie van Wyk, chercheuse en relations internationales à Pretoria, a noté que l’Afrique du Sud dépend fortement de l’aide au développement et des partenariats économiques avec l’Union européenne, surtout alors que le pays se prépare à renégocier l’AGOA (Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique) avec les États-Unis dans un contexte difficile. L’Union européenne a déjà soutenu l’Afrique du Sud face aux décisions de Donald Trump.
Ursula von der Leyen a également précisé que l’Union européenne ne peut pas simplement remplacer les États-Unis en matière d’aide au développement, mais qu’elle vise à établir un « réseau de pays partageant des valeurs communes ».
L’Afrique du Sud montre un engagement croissant envers les efforts de paix en Ukraine, avec une rencontre prévue entre le président Volodymyr Zelensky et Cyril Ramaphosa le 10 avril, lors d’une visite exceptionnelle en Afrique du Sud. Cependant, il est probable que le sommet n’aborde pas directement les questions liées à la Russie ou à l’Ukraine, en raison de la sensibilité de ces sujets pour les deux parties. D’autres questions de politique étrangère, comme la guerre à Gaza et la position de l’Union européenne vis-à-vis du Rwanda, devraient également être discutées.
Sur le plan économique, l’Union européenne représente près de la moitié des investissements directs étrangers en Afrique du Sud, et les échanges commerciaux entre les deux entités ont connu une nette augmentation ces dernières années. Selon Jo-Ansie van Wyk, le sommet pourrait mettre l’accent sur les investissements plutôt que sur l’aide, alors que l’Europe cherche à relancer son secteur de l’armement. De son côté, l’Afrique du Sud souhaite accéder au marché européen pour écouler ses produits. De plus, avec le retrait récent des États-Unis d’un accord sur la transition écologique signé en 2021 avec l’Afrique du Sud, l’Union européenne pourrait se positionner comme un partenaire clé dans ce domaine, ayant déjà signé des accords similaires lors de précédents sommets.
L’Union européenne concentre ses investissements sur des secteurs stratégiques tels que la transformation et le raffinage local des minéraux critiques, les projets d’hydrogène vert, ainsi que la création d’emplois dans l’économie verte.
Thom Biakpa
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