Des soldats ukrainiens tout juste libérés par la Russie dans le cadre d’un vaste échange avec l’Ukraine, le 23 mai 2025 dans la région de Tchernihiv / AP
Le 23 mai 2025, la Russie et l’Ukraine ont franchi une étape significative dans le cadre d’un échange record de prisonniers, impliquant un total de 780 personnes, dont 270 militaires et 120 civils. Cet échange, qui a été annoncé par les deux pays, a permis à chaque partie de récupérer 390 individus.
Du côté russe, Moscou a récupéré 270 soldats et 120 civils, parmi lesquels des habitants de la région de Koursk, capturés par les forces ukrainiennes lors de l’offensive de l’été 2024. L’Ukraine, quant à elle, a récupéré un nombre équivalent de militaires et de civils, incluant des soldats de la marine, des forces aéroportées, ainsi que des membres de la garde nationale et des gardes-frontières.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné l’importance de ces libérations, qui touchent des milliers de familles en attente du retour de leurs proches. Parmi les 390 personnes libérées, 387 sont des hommes et trois sont des femmes, dont certains avaient été emprisonnés pendant trois ans.
Cet échange représente le plus grand accord de ce type entre la Russie et l’Ukraine depuis 2014. Cependant, bien que le nombre de personnes échangées soit identique, les conditions de détention des prisonniers ukrainiens soulèvent de vives inquiétudes. De nombreux témoignages font état de mauvais traitements et de tortures subis dans les prisons russes, laissant les prisonniers émaciés et souvent privés de contact avec leurs familles.
L’Ukraine avait proposé un échange « tous pour tous », mais Moscou a refusé, alors qu’il reste encore environ 8 000 soldats et 16 000 civils ukrainiens dans les prisons russes. De plus, au moins 20 000 enfants ukrainiens ont été déportés en Russie, selon les autorités ukrainiennes.
Cet échange a été convenu lors de négociations directes à Istanbul mi-mai, et il représente le seul résultat tangible de ces discussions après plus de trois ans d’invasion russe. Les prochaines étapes de cet échange sont attendues pour le week-end.
L’ancien président américain Donald Trump a également commenté cet échange, félicitant les deux parties et exprimant l’espoir que cela pourrait mener à des négociations plus larges pour mettre fin au conflit.
Malgré cet échange, la situation reste tendue, avec des milliers de prisonniers de guerre toujours détenus des deux côtés. Le commissaire ukrainien pour les personnes disparues a confirmé que près de 10 000 personnes sont actuellement en captivité en Russie. Les informations sur le sort des captifs ukrainiens sont rares, et chaque échange réserve souvent des surprises, avec des personnes dont le sort était inconnu jusqu’alors.
Des allégations de torture et de mauvais traitements continuent d’émerger, avec des rapports faisant état de décès en détention. L’ONG Amnesty International a dénoncé les « tortures systématiques » et la privation de soins médicaux des prisonniers ukrainiens en Russie.
Alors que des spéculations circulent sur la possibilité d’une seconde réunion de négociation, Moscou a indiqué que toute poursuite des pourparlers dépendrait de l’achèvement de l’échange de prisonniers en cours. Le président Zelensky a déclaré que Kiev envisageait plusieurs options pour un nouveau lieu de rencontre, y compris la Turquie, le Vatican et la Suisse. Toutefois, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a exprimé des réserves quant à la tenue de discussions en terre catholique.
Cet échange de prisonniers, bien qu’historique, souligne les défis persistants et les souffrances humaines causées par le conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine.
Thom Biakpa
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