Le président sud-africain Cyril Ramaphosa en visite aux États-Unis pour rencontrer Trump/ AP
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a entamé une visite de quatre jours aux États-Unis, avec un point d’orgue aujourd’hui : une rencontre avec le président Donald Trump à la Maison Blanche. Cette rencontre survient dans un contexte de tensions croissantes entre Pretoria et Washington, exacerbées par des accusations de persécution des Afrikaners par le gouvernement sud-africain.
Pour l’Afrique du Sud, la relation avec les États-Unis est cruciale. En tant que deuxième partenaire commercial du pays, les États-Unis jouent un rôle clé dans l’économie sud-africaine. Cependant, Pretoria craint les répercussions des tarifs douaniers que Trump pourrait imposer, notamment une taxe potentielle de 31 % sur les importations sud-africaines, ce qui aurait des conséquences désastreuses sur le marché de l’emploi.
John Steenhuisen, ministre sud-africain de l’Agriculture, a souligné que l’une des priorités de cette visite est de « protéger les emplois, accroître l’économie et élargir les opportunités d’emploi ». Les autorités sud-africaines plaident pour le maintien de l’AGOA (AfricanGrowth and Opportunity Act), un accord commercial qui permet un accès préférentiel au marché américain. Cet accord, qui devait être renouvelé en septembre, est désormais incertain avec le retour de Trump à la Maison Blanche. La fin de l’AGOA serait catastrophique pour les agriculteurs et l’économie sud-africaine dans son ensemble.
Les tensions entre les deux pays se sont intensifiées suite à une loi signée par Ramaphosa en janvier, autorisant la saisie de terres agricoles détenues par la minorité blanche, qui représente seulement 7 % de la population mais détient plus de 70 % des terres. Cette loi a suscité des critiques, notamment de la part d’Elon Musk, qui a dénoncé sur les réseaux sociaux la persécution des Sud-Africains blancs. La polémique a pris de l’ampleur, Washington évoquant même des accusations de « génocide ». Récemment, 49 Afrikaners ont été accueillis aux États-Unis en tant que réfugiés, et l’ambassadeur sud-africain aux États-Unis a été expulsé.
En outre, l’Afrique du Sud est sous le radar de Washington en raison de sa proximité avec la Chine et la Russie, ainsi que de sa position critique envers Israël. En décembre 2023, Pretoria a déposé une plainte contre Tel Aviv devant la Cour internationale de Justice, accusant Israël de violer la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Dans ce contexte tendu, la visite de Ramaphosa pourrait-elle apaiser les relations ? Le président sud-africain, reconnu pour ses talents de négociateur, a des atouts à sa disposition. L’Afrique du Sud possède d’importantes réserves de minerais, notamment du manganèse, du chrome et des métaux du groupe du platine. Un accord dans ce domaine pourrait être envisagé, à l’image de ce qui a été fait avec l’Ukraine, comme l’a suggéré Vincent Magwenya, porte-parole de Ramaphosa.
Cette visite est d’autant plus cruciale que l’Afrique du Sud doit présider le G20 en novembre, un sommet que Trump a menacé de boycotter. La capacité de Ramaphosa à « réinitialiser et raviver » les relations bilatérales sera déterminante pour l’avenir des échanges entre les deux nations. Les résultats de cette rencontre pourraient non seulement influencer les relations économiques, mais aussi redéfinir la dynamique géopolitique entre l’Afrique du Sud et les États-Unis dans les mois à venir.
Thom Biakpa
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