Le président turque Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, son homologue russe/ Reuters
Les tensions entre la Russie et l’Ukraine continuent de s’intensifier à l’approche des pourparlers prévus ce jeudi 15 mai à Istanbul, où les deux parties espèrent discuter de la fin de la guerre en Ukraine. Cependant, le climat est déjà marqué par des échanges verbaux acerbes. La Turquie, qui accueille ces négociations, se dit optimiste, tandis que le président américain Donald Trump exprime un pessimisme croissant, affirmant que « rien ne se passera » tant qu’il n’aura pas rencontré Vladimir Poutine.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié la délégation russe de « factice », soulignant l’absence de Poutine, ce qui a conduit Moscou à le traiter de « clown » et de dirigeant « pathétique ». Ces attaques verbales jettent un doute sur l’issue des discussions, qui sont les premières depuis trois ans.
Des exigences contradictoires
Les perspectives d’une trêve semblent compromises, car Kiev et Moscou ont des exigences diamétralement opposées. Zelensky et l’Europe demandent un cessez-le-feu avant d’entamer les pourparlers, tandis que Poutine insiste sur des discussions concernant « les causes profondes de la guerre » avant d’envisager une trêve.
Les « causes profondes » évoquées par le Kremlin incluent la volonté de conserver les territoires ukrainiens occupés, représentant près d’un cinquième de l’Ukraine, ainsi que l’exigence d’une neutralité de l’Ukraine, sans adhésion à l’OTAN et sans bases militaires étrangères sur son sol. De son côté, Zelensky souhaite que les sanctions économiques contre la Russie soient maintenues et que les 300 milliards d’actifs russes gelés en Europe soient utilisés pour la reconstruction de son pays.
Une délégation russe contestée
La délégation russe, dirigée par Vladimir Medinski, conseiller du président Poutine, est arrivée à Istanbul mais a été qualifiée par Zelensky de peu capable de « prendre des décisions ». Medinski, ancien ministre de la Culture, est connu pour ses positions ultra-patriotiques et a déjà participé aux négociations de paix infructueuses entre Kiev et Moscou en 2022.
Les discussions, initialement prévues pour le matin, ont été décalées à l’après-midi, selon Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe. Kiev n’a pas précisé l’horaire de la réunion.
Réactions internationales
Sur place, des centaines de journalistes attendent l’arrivée des délégations, tandis que des barrières de sécurité ont été mises en place. Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a exprimé son optimisme quant à la possibilité de succès des pourparlers, citant la présence de Zelensky à Ankara et d’une délégation technique russe à Istanbul comme des signes positifs.
Cependant, Trump a tempéré cet optimisme, déclarant qu’il ne s’attendait pas à des avancées tant qu’il n’aurait pas rencontré Poutine. « Je crois que rien ne se passera, que vous le vouliez ou non, tant que lui et moi ne serons pas ensemble », a-t-il affirmé.
Alors que les pourparlers à Istanbul approchent, les tensions entre les deux camps sont palpables, et les divergences sur les conditions d’un éventuel accord de paix semblent insurmontables. L’absence de Poutine et les attaques verbales échangées laissent présager des discussions difficiles, et l’avenir du processus de paix reste incertain.
Thom Biakpa
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