Les audiences finales du procès de Jair Bolsonaro devant la Cour suprême, pour avoir tenté d’organiser un coup d’État après sa défaite à la présidentielle de 2022, s’ouvrent ce mardi 2 septembre 2025 au Brésil/ AFP
Le procès de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro entre dans sa phase décisive ce mardi 2 septembre. Accusé, avec sept de ses collaborateurs, d’avoir tenté de renverser les institutions du pays après sa défaite face à Luiz Inácio Lula da Silva lors de la présidentielle de 2022, ce procès marque un tournant dans l’histoire politique du Brésil. C’est la première fois depuis le retour à la démocratie qu’un ancien chef d’État est jugé par la Cour suprême.
Les audiences finales, diffusées en direct à la télévision et à la radio, se déroulent dans le bâtiment emblématique conçu par l’architecte Oscar Niemeyer, situé à Brasilia, en face du palais présidentiel. Bien que Jair Bolsonaro ait choisi de ne pas assister au procès, il se trouve sur le banc des accusés aux côtés de plusieurs hauts gradés militaires. Les accusations portées contre eux incluent des projets de coup d’État, impliquant même des menaces d’assassinat à l’encontre du président élu et du juge Alexandre de Moraes, qui préside actuellement le procès.
Pour la gauche brésilienne, ce procès représente un moment clé de la résilience démocratique du pays. Lindbergh Farias, député du Parti des travailleurs, a exprimé sa fierté face à la capacité des institutions brésiliennes à faire face à cette crise.
Au-delà de la responsabilité judiciaire de Jair Bolsonaro, l’avenir de la droite brésilienne est également en jeu. Plusieurs figures de cette droite, dont Eduardo Bolsonaro, le fils de l’ex-président, se positionnent déjà pour les élections de 2026. Eduardo, qui vit actuellement en exil aux États-Unis, a déclaré son intention de se présenter si son père ne peut pas le faire. Il mène également des efforts de lobbying auprès de Donald Trump pour soutenir son père, qui fait face à des accusations graves.
Le verdict du procès est très attendu et pourrait être rendu d’ici au 12 septembre. Les cinq juges devront décider de l’acquittement ou de la condamnation des huit accusés, qui risquent plus de quarante ans de prison. Les conséquences de cette décision pourraient également affecter les relations entre le Brésil et les États-Unis, le gouvernement craignant des sanctions supplémentaires en cas de condamnation.
Le procès attire également l’attention sur le rôle des militaires impliqués, car aucun haut gradé brésilien n’a encore été condamné pour des actes politiques depuis la fin de la dictature.
Au centre de cette affaire se trouve le juge Alexandre de Moraes, un personnage controversé connu pour sa lutte contre les dérives de Bolsonaro et de l’extrême droite. Bien qu’il soit perçu comme un héros par certains, ses méthodes, qui incluent des perquisitions et des détentions préventives, suscitent des critiques. De Moraes est également engagé dans la lutte contre la désinformation, ayant ordonné le retrait de milliers de fausses informations des réseaux sociaux et bloqué des comptes jugés dangereux.
Alors que le Brésil attend avec impatience le verdict, ce procès reste un moment charnière pour les institutions démocratiques du pays, avec des implications qui pourraient résonner bien au-delà des frontières nationales.
Thom Biakpa
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