Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, à droite, salue le chef de l’Alliance démocratique (DA), John Steenhuisen, l’un des membres de la coalition/ AP
En Afrique du Sud, la coalition gouvernementale d’union nationale, qui célèbre son premier anniversaire, est confrontée à une crise majeure. Le 1er juillet, l’Alliance démocratique (DA), le principal parti d’opposition, a déposé une plainte contre la ministre de l’Enseignement supérieur, Nobuhle Nkabane, l’accusant de corruption. Ce développement survient alors que la DA, déjà en désaccord avec le « dialogue national » initié par le président Cyril Ramaphosa, intensifie ses attaques contre le Congrès national africain (ANC), tout en choisissant de rester au sein du gouvernement.
La formation de ce gouvernement d’unité nationale (GNU) a été une réponse à la perte de la majorité absolue de l’ANC lors des dernières élections, une première dans l’histoire politique du pays. Composé de dix partis, ce gouvernement a été mis en place pour tenter de stabiliser un pays miné par des allégations de corruption et une gouvernance défaillante.
Accusations de corruption
Les tensions au sein de la coalition se sont intensifiées avec les accusations portées par la DA. Le parti accuse Nkabane d’avoir menti au Parlement pour nommer des personnes liées à l’ANC dans des conseils d’administration d’institutions éducatives. Dans un communiqué, la DA a déclaré : « La corruption au sein de l’exécutif est devenue une pratique courante sous la présidence de Cyril Ramaphosa. »
En parallèle, une enquête policière est en cours concernant une autre ministre de l’ANC, Thembi Simelane, suite à des allégations de facturation frauduleuse à l’encontre de la compagnie nationale d’électricité, Eskom. Simelane, qui a été transférée au ministère de l’Habitat après des révélations de corruption, est désormais sous le feu des critiques.
Tensions internes et limogeage
Les tensions au sein de la coalition se sont exacerbées la semaine dernière avec le limogeage d’Andrew Whitfield, un ministre de la DA, pour un voyage à l’étranger non autorisé. Ce limogeage a été perçu comme un affront par la DA, qui a ensuite annoncé son retrait du « dialogue national » lancé par Ramaphosa, ajoutant une pression supplémentaire sur le GNU.
Baxolile Nodada, membre du parlement de la DA, a déclaré : « Nous prenons des mesures parce que le président refuse d’agir face aux ministres corrompus. » La DA se positionne comme la force morale du gouvernement, affirmant que ses propres ministres ont contribué à faire avancer les choses, tout en dénonçant l’inaction de l’ANC.
Une stratégie ambivalente
Malgré ses critiques acerbes, la DA refuse de quitter le gouvernement, adoptant une stratégie ambivalente qui soulève des questions sur la viabilité des alliances politiques en Afrique du Sud. Selon Sanusha Naidu, analyste politique, cette situation met en lumière les limites des coalitions, devenues plus tendues et fragmentées.
La DA semble jouer un double jeu : tout en dénonçant la corruption et en mettant la pression sur l’ANC, elle maintient sa présence au sein du gouvernement, arguant que son départ nuirait aux Sud-Africains. Ce positionnement contradictoire laisse entrevoir une possible sortie de la coalition à l’approche des élections de 2029.
La situation actuelle en Afrique du Sud illustre les défis auxquels fait face le gouvernement d’unité nationale. Alors que les accusations de corruption continuent de s’accumuler, la stabilité de cette coalition est mise à l’épreuve. Les tensions internes et les stratégies ambivalentes des partis politiques soulignent la complexité du paysage politique sud-africain, où la lutte contre la corruption et la quête de gouvernance efficace demeurent des enjeux cruciaux.
Thom Biakpa
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