L’ancien chef d’État sud-africain Jacob Zuma est poursuivi pour 16 chefs d’accusation d’escroquerie, corruption et racket/ AFP
Le procès tant attendu de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma et de la filiale sud-africaine de l’entreprise française Thales, initialement prévu pour le 14 avril 2025, a une nouvelle fois été reporté. Ce renvoi s’inscrit dans une série de retards qui ont jalonné cette affaire complexe, qui remonte à deux décennies. Lors de l’audience, les avocats de Thales et de Zuma présenteront un nouveau recours, espérant ainsi échapper aux poursuites qui pèsent sur eux.
L’affaire débute en 1999, alors que l’Afrique du Sud s’apprête à investir des milliards de dollars pour moderniser son armée. À cette époque, Jacob Zuma, alors vice-président, est soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin pour favoriser Thales dans l’obtention d’un contrat d’armement d’une valeur d’environ 3 milliards d’euros. Les accusations portées contre lui sont graves : fraude, trafic d’influence, extorsion, blanchiment d’argent, et bien d’autres, totalisant 18 chefs d’accusation.
L’État sud-africain, en tant que plaignant, soutient que Zuma a été soudoyé par Thales pour dissimuler des irrégularités et protéger l’entreprise d’un éventuel procès concernant les conditions d’attribution de ce contrat lucratif. Depuis 2021, le procès a été reporté à seize reprises, une situation qui témoigne des manœuvres juridiques déployées par Zuma et Thales pour retarder le processus judiciaire.
L’affaire a été mise en lumière dès 2005, mais a rapidement été mise de côté en raison de délais. Les charges ont été rétablies en 2007, puis abandonnées en 2009, avant que le procès ne soit relancé en 2018. Depuis lors, Zuma a adopté une stratégie juridique offensive, multipliant les recours préliminaires avant même le début des débats. En mai 2021, il a plaidé « non coupable » devant la haute cour de Pietermaritzburg, tout en contestant la légitimité du procureur et en accusant l’accusation d’utiliser des arguments « racistes » à son encontre.
Ces tactiques ont considérablement retardé la présentation des preuves et des témoignages, engendrant des coûts importants pour l’État sud-africain. Le 14 avril 2025, la situation se répète avec un recours de Thales, soutenu par Zuma, qui argue que le procès ne peut se tenir en raison du décès de deux témoins-clés, d’anciens directeurs de la compagnie française. Leur disparition compromettrait, selon eux, leur droit à un procès équitable.
La haute cour de Pietermaritzburg est désormais chargée d’examiner cette demande et de décider si les charges contre Thales, et potentiellement contre Zuma, doivent être annulées. Le procureur Billy Downer a exprimé son regret face à cette situation, soulignant que « plutôt que de se défendre rapidement, Monsieur Zuma choisit de retarder encore le moment où les preuves contre lui seront présentées devant la justice ».
Ainsi, l’affaire continue de s’étirer dans le temps, laissant planer des interrogations sur la transparence et l’efficacité du système judiciaire sud-africain.
Thom Biakpa
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