Funérailles des Cradock Four, à Cradock en Afrique du Sud, le 20 juillet 1985./ Wikimédia
Quarante ans après les tragiques événements, l’Afrique du Sud rouvre le dossier de l’assassinat des « Cradock Four », quatre jeunes militants anti-apartheid. En juin 1985, ces militants se rendaient à une réunion organisée par le Front démocratique Uni, une organisation engagée dans la lutte contre l’apartheid, mais ils n’ont jamais regagné leurs foyers. Capturés, torturés et assassinés par la police de l’apartheid, leur sort a longtemps été un symbole de l’impunité qui a prévalu durant cette période sombre de l’histoire sud-africaine.
Malgré plusieurs tentatives de justice, les familles des victimes n’ont jamais obtenu réparation. Les auteurs des crimes étant décédés, les poursuites judiciaires n’ont jamais abouti. Aujourd’hui, le procès s’ouvre à nouveau, avec une première phase dédiée aux témoignages des familles, qui espèrent enfin voir la lumière sur ces atrocités.
Lukhanyo Calata, l’un des fils des Cradock Four, a grandi sans son père, assassiné à l’âge de 28 ans. Il se souvient des espoirs placés dans la justice après la fin de l’apartheid. « En 1995, Nelson Mandela a visité la tombe des Cradock Four et a signé la loi sur l’unité nationale et la réconciliation peu après. À l’époque, nous ne pouvions imaginer que 40 ans après l’assassinat de mon père, nous devrions encore nous battre pour la justice », a-t-il déclaré.
Aujourd’hui père à son tour, Lukhanyo Calata continue de se battre pour que justice soit rendue. Il déplore que l’ancien président Frederik de Klerk soit mort sans avoir été tenu responsable de ses actes. « Cela envoie un message inquiétant : dans notre société, des individus peuvent commettre les pires atrocités sans crainte de répercussions. Nous ne pouvons pas accepter cela. La justice doit être la pierre angulaire de notre société », a-t-il affirmé.
Le procès abordera également le rôle de l’ANC, le parti de la libération, et les éventuelles interférences qui ont pu entraver la recherche de justice. Face à la pression des familles en quête de réponses, le gouvernement sud-africain a récemment mis en place une nouvelle commission d’enquête pour pallier le manque de justice concernant les crimes commis durant l’apartheid.
Ce procès représente une étape cruciale dans la quête de vérité et de réconciliation pour les familles des victimes, ainsi qu’un rappel poignant des luttes passées et des défis persistants en matière de justice en Afrique du Sud.
Thom Biakpa
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