Le Sud-Africain John Steenhuisen, chef de l’Alliance démocratique (DA) /AFP
En Afrique du Sud, la stabilité du gouvernement d’unité nationale est mise à l’épreuve par une action en justice de l’Alliance Démocratique (DA), le deuxième parti du pays. Bien que membre de la coalition au pouvoir depuis près d’un an, la DA n’hésite pas à critiquer ouvertement les décisions prises par l’ANC (African National Congress) et à les contester devant les tribunaux. Ce mardi 6 mai, le parti a décidé de poursuivre une plainte déposée il y a deux ans, visant à faire invalider une loi de discrimination positive récemment mise en œuvre.
Cette loi, entrée en vigueur en janvier, permet à la ministre du Travail d’établir des quotas dans certains secteurs afin d’assurer une représentation diversifiée au sein des entreprises ayant des contrats avec l’État. Cette mesure s’inscrit dans un effort plus large de redressement des injustices héritées de l’apartheid, alors que le président Cyril Ramaphosa souligne que la majorité des postes de pouvoir dans le secteur privé restent occupés par des hommes blancs.
Cependant, l’Alliance Démocratique considère cette loi comme anti-constitutionnelle, arguant qu’elle pourrait freiner la croissance économique et décourager les investissements étrangers. La DA, qui a longtemps souffert d’une image de parti principalement blanc, bien que son électorat se soit élargi ces dernières années, a toujours critiqué les lois de discrimination positive en Afrique du Sud. Elle soutient que ces mesures ne profitent qu’à une élite restreinte, au détriment d’une véritable égalité des chances.
Cette situation met en lumière une nouvelle fissure au sein de la coalition d’unité nationale, déjà fragilisée par des désaccords antérieurs. La DA s’est opposée à d’autres initiatives de l’ANC, notamment une loi sur l’éducation et une proposition d’augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée, qui a finalement été abandonnée par le ministre de l’Économie après un long bras de fer. Ces tensions internes soulignent les défis auxquels fait face le gouvernement, qui doit jongler entre des intérêts divergents tout en tentant de maintenir une façade d’unité.
L’action en justice de l’Alliance Démocratique pourrait avoir des répercussions significatives sur la dynamique politique en Afrique du Sud. Si la DA réussit à convaincre la justice d’invalider la loi de discrimination positive, cela pourrait non seulement affaiblir la position de l’ANC, mais également remettre en question l’engagement du gouvernement envers les politiques de réconciliation et d’égalité raciale.
Alors que le pays continue de naviguer dans les eaux tumultueuses de son héritage historique, la question de la discrimination positive et de la représentation raciale dans les sphères économiques et politiques demeure un sujet de débat intense. La coalition d’unité nationale, qui a été formée pour surmonter les divisions du passé, se retrouve ainsi confrontée à des défis internes qui pourraient compromettre sa capacité à gouverner efficacement.
Dans ce contexte, l’avenir de la coalition et des politiques de discrimination positive en Afrique du Sud reste incertain, et les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer la direction que prendra le pays face à ces enjeux complexes.
Thom Biakpa
Leave a comment