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Sommet du G20 : Afrique du Sud, premier pays africain à accueillir l’événement, les États-Unis boycottent

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa/ AP

Pour la première fois, un sommet du G20 se tient sur le continent africain. Ce week-end, l’Afrique du Sud accueille à Johannesburg les dirigeants des principales économies mondiales, dans un contexte géopolitique tendu et marqué par l’absence remarquée du président américain Donald Trump. Pretoria entend mettre à profit cette présidence inédite pour faire avancer ses priorités : l’allègement de la dette des pays en développement, la lutte contre les inégalités économiques et le renforcement du multilatéralisme.

Un sommet orphelin des États-Unis

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche a profondément affecté la première présidence africaine du G20. Hostile au multilatéralisme, le président américain a de nouveau retiré son pays de l’accord de Paris sur le climat et imposé une série de droits de douane à ses partenaires, n’épargnant pas l’Afrique du Sud, visée par les taxes les plus élevées d’Afrique subsaharienne (30 %).

Les relations bilatérales s’étaient encore tendues après les accusations répétées de Washington sur une prétendue persécution de la minorité afrikaner en Afrique du Sud. Face à ce bras de fer diplomatique, Pretoria a fini par prendre acte du boycott américain. « Tant pis pour eux », avait lancé Cyril Ramaphosa, déterminé à maintenir son agenda de présidence.

La dette au cœur de l’agenda sud-africain

Le thème retenu pour cette présidence — « Solidarité, égalité, durabilité » reflète les priorités de Pretoria : réduire la charge de la dette des pays en développement, financer l’adaptation au changement climatique et lutter contre l’explosion des inégalités.

Ces enjeux sont pressants. Entre 2021 et 2023, les pays africains ont dépensé en moyenne 70 dollars par habitant pour rembourser les intérêts de leur dette, davantage que les investissements dans l’éducation (63 dollars) ou la santé (44 dollars), selon l’ONU. L’Afrique du Sud souhaite également la création d’un Panel international des inégalités, sur le modèle du GIEC pour le climat, une proposition phare du rapport dirigé par le Nobel d’économie Joseph Stiglitz.

Pour Tendai Mbanje, chercheur au Centre pour les droits humains de l’université de Pretoria, cette initiative marquerait « un réel succès non seulement pour Pretoria mais aussi pour les millions d’habitants du Sud global dont les voix sont trop souvent ignorées dans ces forums économiques élitistes ».

Un consensus difficile à atteindre

Si la présidence sud-africaine espère obtenir une déclaration finale conjointe, les négociations s’annoncent ardues. Plusieurs sources évoquent notamment l’obstruction de la délégation argentine, alignée diplomatiquement avec Washington. Le président Javier Milei sera absent, remplacé par son ministre des Affaires étrangères Ronald Lamola.

En revanche, la Chine représentée par son Premier ministre Li Qiang devrait soutenir les priorités sud-africaines et réaffirmer sa défense du multilatéralisme. Moscou sera représenté par Maxime Orechkine, conseiller économique de Vladimir Poutine.

Le sommet se tient dans le centre de conférence Nasrec, à Johannesburg, au lendemain de la clôture de la COP30 à Belém (Brésil), dont les ultimes débats pourraient influencer les discussions du G20.

Vers la fin d’un cycle des présidences du Sud

Ce sommet marque la conclusion d’une séquence où les pays du « Sud global » ont successivement présidé le G20 : Indonésie en 2022, Inde en 2023, Brésil en 2024, Afrique du Sud en 2025. À l’issue du sommet, Pretoria passera le flambeau… aux États-Unis.

L’administration Trump a annoncé qu’elle réorienterait le G20 vers les seules questions de coopération économique. Le prochain sommet se tiendra en décembre 2026, à Miami, dans un complexe hôtelier appartenant à la famille Trump un choix qui ne manquera pas d’alimenter de nouvelles controverses.

Thom Biakpa

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