Des manifestants protestant à Brasília contre un projet de loi controversé visant à assouplir les restrictions environnementales. / AFP
Le Congrès brésilien a récemment adopté une proposition de loi controversée visant à assouplir les conditions de délivrance des autorisations environnementales. Cette décision intervient à l’approche de la COP30, la conférence des Nations unies sur le changement climatique, qui se tiendra en novembre dans la ville amazonienne de Belém. Les défenseurs de l’environnement qualifient cette initiative de « dévastatrice » pour la nature.
Le texte a été voté dans la nuit du 17 juillet, obtenant une large majorité à la Chambre des députés avec 267 voix pour et 116 contre. Ce projet, soutenu par les intérêts de l’agro-négoce, avait déjà été approuvé par le Sénat en mai. Ce vote est perçu comme un revers majeur pour la protection de l’environnement, en opposition à la position du ministère de l’Environnement, qui considère cette loi comme un « coup fatal » à la préservation écologique. En revanche, le ministère de l’Agriculture a exprimé son soutien à cette réforme.
« Une loi de destruction »
De nombreuses ONG estiment qu’il s’agit du plus grand recul législatif en matière de protection environnementale depuis la période de la dictature militaire (1964-1985). Elles dénoncent l’introduction d’un mécanisme d’auto-autorisation pour certains projets, qui pourrait faciliter la déforestation, affaiblir les mesures de prévention des impacts environnementaux, compromettre la biodiversité et accroître les émissions de gaz à effet de serre. Mariana Lyrio, de l’Observatoire du climat, alerte sur les conséquences désastreuses de cette loi.
Des organisations comme Greenpeace Brésil appellent à un veto présidentiel total, qualifiant cette loi de « loi de la destruction » et de « loi de la fin du monde » en raison des dommages environnementaux qu’elle pourrait engendrer. Alice Correia, de l’Institut socio–environnemental (ISA), s’inquiète également d’une tentative de délégitimer l’autorité environnementale du Brésil sur la scène internationale.
Un soutien au développement économique ?
Du côté des partisans de la loi, les défenseurs affirment qu’elle vise à « simplifier » le processus d’obtention des autorisations pour favoriser le développement de la plus grande économie d’Amérique latine. Zé Vitor, rapporteur du projet et député du Parti libéral, insiste sur le fait qu’aucune disposition de la loi ne met en péril l’environnement, affirmant qu’il s’agit de vaincre la bureaucratie.
Rodrigo Agostinho, président de l’Ibama, l’agence publique chargée de la protection de l’environnement, a déclaré que la délivrance des autorisations environnementales n’avait jamais empêché la construction d’infrastructures dans le pays. L’Ibama a annoncé son intention de contester cette réforme en justice, la jugeant anticonstitutionnelle.
Le président Luiz Inácio Lula da Silva, qui aspire à positionner le Brésil comme un leader dans le débat climatique mondial tout en soutenant un mégaprojet d’exploration pétrolière au large de l’Amazonie, a désormais deux semaines pour promulguer ou rejeter ce texte. Cette situation soulève des questions cruciales sur l’avenir de la politique environnementale au Brésil et sur l’équilibre entre développement économique et protection de l’environnement.
Thom Biakpa
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