Des travailleurs manifestent à Calcutta pour dénoncer les politiques jugées anti-ouvrières du gouvernement / AFP
Le 9 juillet, dix syndicats indiens ont lancé une grève nationale pour protester contre un ensemble de lois que le Parlement s’apprête à adopter. Ces réformes, présentées comme des mesures de relance post-Covid, visent à assouplir le droit du travail et à accélérer la privatisation des services publics, ce qui, selon les syndicats, compromet les droits déjà fragiles des travailleurs indiens.
Les manifestants, arborant des drapeaux rouges, se sont rassemblés devant le Jantar Mantar, un lieu emblématique de la contestation à New Delhi. Le mot d’ordre de cette mobilisation est clair : s’opposer à une réforme qui introduit une journée de travail de douze heures, durcit le droit de grève et facilite les licenciements. Surya Prakash, secrétaire d’un grand syndicat communiste à New Delhi, a déclaré : « La loi indienne n’est déjà pas appliquée dans de nombreux secteurs. Si l’on supprime le peu de code du travail existant, c’est un signe envoyé aux patrons pour leur dire qu’ils n’ont même plus à rendre de compte au gouvernement. »
Avant le rassemblement à New Delhi, les syndicats avaient mené des actions de blocage dans des usines des quartiers pauvres et industriels de Wazirpur et Okhla. Parmi les travailleurs, Mina, 35 ans, a partagé son expérience : « Je travaille dix heures par jour pour 60 euros par mois. Mon mari gagne 80 euros dans une autre usine. C’est bien en dessous du minimum légal à Delhi, fixé à 200 euros. Après ces lois, on n’aura même plus l’espoir de faire valoir nos droits. »
La grève met également en lumière l’émergence d’une nouvelle classe de travailleurs de plateformes, qui, avec le boom de l’économie numérique, se retrouvent employés sans aucun droit ni protection. Aishe Ghosh, secrétaire générale du syndicat étudiant SFI, a dénoncé cette situation : « C’est cette même logique mortifère de contractualisation que le gouvernement veut aujourd’hui faciliter. »
À travers le pays, les syndicats estiment que 20 millions de personnes sont mobilisées, bien que ces chiffres soient difficiles à vérifier dans un pays aussi vaste que l’Inde. Avec une majorité au Parlement, le Premier ministre Narendra Modi est en position de faire adopter ces lois, qui visent à favoriser la réussite des entreprises indiennes et internationales, mais qui suscitent une forte opposition parmi les travailleurs.
Cette grève nationale souligne les tensions croissantes entre le gouvernement et les travailleurs, alors que les syndicats s’efforcent de défendre les droits des employés face à des réformes qu’ils jugent préjudiciables.
Thom Biakpa
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