Le Premier Ministre Slovaque Robert Fico et Vladimir Poutine au Kremlin / Photo AFP
Le président russe Vladimir Poutine a accueilli le Premier ministre slovaque Robert Fico au Kremlin le dimanche 22 décembre, marquant l’une des rares visites d’un dirigeant occidental à Moscou depuis le début du conflit en Ukraine. Cette rencontre intervient alors que l’Ukraine prévoit de mettre fin, à partir du 1er janvier, au contrat permettant le transit du gaz naturel russe sur son territoire, selon des médias russes.
Robert Fico, qui a repris les rênes du gouvernement slovaque à l’automne 2023, a récemment décidé de suspendre toute aide militaire à l’Ukraine et plaide pour des négociations de paix. Il a également exprimé ses préoccupations quant à la sécurité de l’approvisionnement en gaz russe, dont la Slovaquie est fortement dépendante. En raison de son enclavement géographique, l’accès au gaz russe est vital pour le pays. Fico, connu pour ses sympathies envers la Russie, a critiqué le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sans toutefois réussir à infléchir sa position. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué que les deux dirigeants ne feraient pas de déclaration conjointe à l’issue de leur réunion, qui aurait été organisée quelques jours auparavant.
Les tensions autour du transit de gaz
L’Ukraine avait annoncé l’été dernier qu’elle ne renouvellerait pas le contrat qui lui permettait de faire transiter le gaz russe vers l’Europe via son réseau de gazoducs. Ces dernières semaines, la Slovaquie et la Hongrie ont exprimé leurs inquiétudes face à la perspective d’une coupure totale de l’approvisionnement à partir du 31 décembre, sans alternative viable en vue. Jeudi dernier, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, Volodymyr Zelensky a rejeté l’idée d’un transit de gaz russe par l’Azerbaïdjan, une option envisagée pour compenser la fin des livraisons via l’Ukraine. « Nous ne voulons pas jouer à des jeux. Si un autre pays reçoit du gaz russe et le fait transiter, cela revient à continuer à financer cette guerre et à alimenter la Russie », a-t-il déclaré.
En réponse, Robert Fico a exprimé son agacement, affirmant que si le transit du gaz était entravé, cela entraînerait des hausses de prix et des dommages économiques pour l’Union européenne, et a insinué que Zelensky en serait responsable. Il a rappelé que la Slovaquie fournissait une aide humanitaire à l’Ukraine et a menacé de prendre des « mesures » en réaction à la décision de Kiev.
Une visite controversée
Sur son compte Facebook, Robert Fico a précisé qu’il avait informé les « plus hauts dirigeants européens » de son intention de se rendre à Moscou, en réponse aux déclarations de Zelenskylors d’un sommet européen à Bruxelles. « Les représentants de l’UE ont été informés de mon voyage et de son objectif. Ma réunion d’aujourd’hui était une réaction à la position du président ukrainien, qui s’oppose à tout transit de gaz via l’Ukraine vers notre territoire », a-t-il écrit. Fico a également souligné que les sanctions ukrainiennes contre le programme nucléaire russe nuisent financièrement à la Slovaquie et mettent en péril la production d’électricité dans ses centrales nucléaires.
Au cours de leur rencontre, Fico et Poutine ont échangé leurs points de vue sur la situationmilitaire en Ukraine et la possibilité d’une résolution pacifique rapide du conflit. Fico a exprimé son intention de normaliser les relations entre la Slovaquie et la Russie.
Cette visite fait de Robert Fico le troisième dirigeant européen à se rendre au Kremlin depuis le début de l’intervention militaire russe en Ukraine en février 2022, après le chancelier autrichien Karl Nehammer et le Premier ministre hongrois Viktor Orban. La Slovaquie a un contrat à long terme avec Gazprom, le géant gazier russe, et estime qu’un approvisionnement ne passant pas par l’Ukraine entraînerait des coûts supplémentaires de 220 millions d’euros en frais de transit. Pendant ce temps, la Hongrie continuera de recevoir du gaz russe via le gazoduc TurkStream, construit au fond de la mer Noire.
Thom Biakpa
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