Malgré un contexte diplomatique tendu et une salve de sanctions occidentales visant son industrie gazière, la Russie vient de réussir un nouvel envoi de GNL vers la Chine. L’arrivée discrète mais très symbolique d’un méthanier russe au terminal de Beihai témoigne d’un recentrage toujours plus clair de Moscou vers le marché asiatique — et du rôle grandissant de Pékin dans l’équation énergétique mondiale.
Un méthanier sous sanctions qui touche port en Chine
Repéré via des images satellites, le méthanier Valera, anciennement Velikiy Novgorod, a accosté dans le sud-est de la Chine avec une cargaison en provenance de l’usine de GNL de Portovaya. Ce site, propriété de Gazprom, est dans le viseur de Washington depuis le début de l’année 2025.
Le Valera fait partie d’une flotte lourdement sanctionnée par les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Union européenne, la Suisse et l’Ukraine. Ces mesures n’ont pas empêché le navire d’atteindre la Chine, mais elles ont sensiblement rallongé son trajet : contrainte d’éviter certaines infrastructures et routes maritimes, l’unité a dû contourner l’Afrique, rallongeant son voyage d’environ une semaine.
La Chine, un client de plus en plus central
Pour Pékin, cette livraison ne constitue pas une exception mais la confirmation d’une tendance. Selon les douanes chinoises, les importations de gaz russe — qu’il soit livré par gazoduc ou sous forme liquéfiée — ont bondi à 4,078 milliards de m³ en septembre 2025, soit 37 % de plus que l’an dernier.
Une dynamique qui reflète la stratégie chinoise : diversifier ses sources d’approvisionnement tout en consolidant ses partenariats les plus fiables face aux incertitudes du marché mondial.
Quand l’Europe se retire, la Russie se tourne vers l’Est
Ce regain d’activité vers l’Asie intervient alors que l’Union européenne maintient encore certains achats de gaz russe, même si elle prévoit d’en couper totalement le robinet d’ici 2027. Cette perspective réduit mécaniquement les débouchés de Moscou sur son marché historique et accélère la réorientation de ses exportations vers la Chine.
Dans ce contexte, l’arrivée du Valera n’est pas simplement un événement isolé : elle s’inscrit dans une stratégie plus large, où la Russie cherche à sécuriser de nouveaux partenaires capables d’absorber des volumes croissants, et où la Chine s’impose comme client prioritaire.
Un signal fort pour les mois à venir
Au-delà du symbole, cette livraison démontre que les sanctions occidentales compliquent les flux mais ne les paralysent pas. La Russie continue de trouver des routes et des acteurs prêts à collaborer ; la Chine, quant à elle, confirme son rôle pivot dans le redéploiement des exportations d’hydrocarbures russes.
Reste à voir si ces détours maritimes deviendront la norme ou s’ils seront réservés à certaines cargaisons. Mais une chose est sûre : le centre de gravité du gaz russe glisse, lentement mais sûrement, vers l’Asie et Pékin entend bien en être l’un des principaux bénéficiaires.
Thom Biakpa
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