La scène politique sud-africaine est secouée par une nouvelle affaire impliquant la famille de l’ancien président Jacob Zuma. Sa fille, Duduzile Zuma-Sambudla, a quitté ce vendredi 28 novembre son siège à l’Assemblée nationale avec effet immédiat, après avoir été accusée d’avoir participé au recrutement de jeunes Sud-Africains envoyés combattre aux côtés de l’armée russe en Ukraine.
L’annonce a été faite à Durban par Nkosinathi Nhleko, directeur du parti Umkhonto we Sizwe (MK), formation créée et dirigée par Jacob Zuma à la suite de sa rupture avec l’ANC. Selon Nhleko, Duduzile Zuma-Sambudla souhaite « coopérer pleinement avec l’enquête en cours » menée par les autorités sud-africaines.
Accusations au sein même de la famille Zuma
La pression s’était intensifiée ces derniers jours, après que la sœur de Duduzile Zuma-Sambudla l’a publiquement accusée d’être impliquée dans le recrutement de 17 jeunes Sud-Africains aujourd’hui bloqués dans la région ukrainienne du Donbass. Ces derniers ont lancé des appels de détresse adressés au président Cyril Ramaphosa, affirmant être coincés dans une zone de conflit après avoir été attirés par de fausses promesses.
Présents lors de la conférence de presse, ni Duduzile Zuma-Sambudla ni son père n’ont fait de déclaration publique. Le parti MK, dont Jacob Zuma est réputé proche de la Russie, a cependant nié toute implication dans l’affaire. « Umkhonto we Sizwe, en tant que parti, n’est pas impliqué dans l’affaire russo-ukrainienne qui touche ces jeunes », a insisté Nhleko.
Un autre dirigeant du MK, Magasela Mzobe, a précisé que la démission de Duduzile Zuma-Sambudla ne constitue ni un aveu ni une reconnaissance de culpabilité, mais vise à lui permettre de « se concentrer sur une coopération totale avec tous les services de l’État ».
Plus de 1 400 Africains identifiés dans les rangs russes
Cette affaire intervient alors que l’Ukraine affirme avoir identifié 1 426 ressortissants africains provenant de 36 pays au sein des forces russes. Le chiffre réel pourrait être plus élevé, selon Kiev.
Outre les combattants envoyés sur le front, plusieurs enquêtes internationales ont révélé que de nombreuses femmes africaines sont recrutées avec la promesse d’emplois bien rémunérés en Russie, avant d’être affectées dans des usines de fabrication de drones, notamment dans la région du Tatarstan.
Un parcours politique déjà controversé
Élue députée en juin 2024 sous l’étiquette du parti MK, Duduzile Zuma-Sambudla n’en est pas à sa première controverse. Elle est déjà poursuivie pour incitation aux émeutes de juillet 2021, qui avaient éclaté après l’incarcération de son père pour avoir refusé de témoigner dans des affaires de corruption. Ces violences avaient causé la mort de plus de 350 personnes, devenant l’un des épisodes les plus meurtriers de l’histoire récente du pays.
Par sa démission, Duduzile Zuma-Sambudla se retrouve au cœur d’une nouvelle tempête politico-judiciaire, alors que l’Afrique du Sud tente de clarifier son rôle dans un conflit international hautement sensible.
Thom Biakpa
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