Deux semaines après la visite à Moscou du président syrien Ahmad al-Charaa, la Russie semble avoir discrètement repris ses vols militaires à destination de la Syrie. Si aucune annonce officielle n’a suivi la rencontre entre Vladimir Poutine et son homologue syrien, les indices s’accumulent : selon l’agence Bloomberg, plusieurs appareils russes ont récemment survolé ou atterri dans la région de Lattaquié, où se trouve la principale base aérienne russe sur le territoire syrien.
Un rapprochement sous haute discrétion
La visite du président syrien au Kremlin marquait une étape clé dans la normalisation progressive des relations entre Moscou et les nouvelles autorités de Damas. Mais au-delà des sourires et des images diplomatiques, la véritable question restait en suspens : quel avenir pour les deux installations stratégiques russes en Syrie la base aérienne de Hmeimim, près de Lattaquié, et la base navale de Tartous, unique point d’ancrage russe en Méditerranée ?
Ces dernières semaines, Bloomberg s’appuie sur les données du site de suivi aérien FlightRadar24 pour affirmer qu’au moins deux avions militaires russes ont effectué des vols vers la Syrie. Il s’agirait notamment d’un appareil de transport Il-76, ayant effectué la rotation Libye – Syrie région de Moscou, ainsi que d’un Antonov à forte capacité de chargement, aperçu à trois reprises dans la zone.
Des signaux d’une reprise progressive
Ces mouvements aériens pourraient-ils annoncer une reprise régulière des opérations logistiques russes en Syrie ? Bloomberg, citant une source anonyme au Kremlin, estime que oui : Moscou aurait commencé à réactiver ses connexions aériennes dans le cadre d’un redéploiement régional. D’autres observateurs se montrent plus prudents, soulignant qu’il pourrait s’agir de simples vols de transit ou de missions ponctuelles destinées à évaluer la faisabilité d’un retour à pleine capacité.
La question demeure donc ouverte : la Russie pourra-t-elle utiliser ses installations syriennes avec la même liberté d’action que sous le régime de Bachar el-Assad, son allié historique ?
Les bases syriennes, piliers de la présence russe au Moyen-Orient
Malgré les incertitudes politiques à Damas, Moscou n’a jamais cessé de considérer la Syrie comme une pièce maîtresse de sa stratégie régionale. La base de Hmeimim, essentielle pour les opérations russes au Moyen-Orient et en Afrique, sert de hub logistique et de plateforme de projection. À Tartous, le port militaire reste quant à lui le seul point d’appui naval de la Russie en Méditerranée, garantissant à sa flotte une présence durable sur cette zone hautement stratégique.
Selon une source citée par le quotidien russe Kommersant (édition du 30 octobre), le dialogue entre Moscou et Damas porterait actuellement sur une transformation partielle de ces sites en « plateformes logistiques civiles ». Une évolution qui, précise l’expert interrogé, « n’exclurait pas leur utilisation militaire ponctuelle, notamment dans le cadre d’opérations antiterroristes ou de missions spéciales ».
Une influence à consolider
En relançant discrètement ses vols militaires vers la Syrie, la Russie semble vouloir rappeler qu’elle reste un acteur incontournable du Moyen-Orient, malgré la guerre en Ukraine et les tensions économiques internes. Reste à savoir si ce retour progressif se traduira par une réimplantation durable — ou s’il ne s’agit que d’un signal destiné à montrer que, pour Moscou, la Méditerranée orientale demeure une priorité stratégique.
                                                                                                                                                
                                                                                                        
				            
				            
				            
				            
                                    
                                        
				            
				            
				            
			        
			        
			        
			        
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